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Actualités | Justice

Droits des consommateurs : sept thèmes actuels sous la loupe

Par : Dominique Lamy

Le 15 mars est la Journée mondiale des droits des consommateurs. Retour sur une année 2021 bien particulière et coup d’œil sur les défis qui nous attendent en 2022.

Certaines plaintes reviennent, bon an, mal an. Les griefs des consommateurs concernant les services de télécommunications en sont un premier exemple. « Un autre cas classique demeure le respect des garanties par le détaillant lorsqu’une défectuosité survient de manière prématurée. Tout consommateur bénéficie de la garantie conventionnelle du fabricant, certes, mais aussi de la garantie légale », rappelle Sylvie De Bellefeuille, avocate et conseillère budgétaire et juridique pour Option consommateurs.

Et nul besoin d’avoir déboursé pour une garantie prolongée ! Donc, un réfrigérateur qui brise quelques mois après l’expiration de la garantie d’un an du fabricant demeure couvert par la garantie légale. « Un bien doit pouvoir servir à l’usage auquel il est normalement destiné et à un usage normal pendant une durée raisonnable. »

La pandémie et ses répercussions

La croissance du commerce en ligne

Une première tendance liée à la pandémie est venue bouleverser les habitudes des consommateurs : l’explosion phénoménale du commerce en ligne. Les gens se sont évidemment tournés davantage vers l’achat de biens sur Internet. « La réception de biens endommagés et le vol de colis, laissés sur le seuil de la porte, sont deux autres doléances qui ont marqué 2021 », constate Alexandre Plourde, avocat et analyste pour Option consommateurs.

Et il y a aussi toute la logistique liée à la chaîne d’approvisionnement qui a mis à mal la patience des consommateurs, pour des achats effectués en ligne ou en magasin. Les histoires d’électroménagers livrés plusieurs mois en retard ont notamment fait les manchettes.

L’impossibilité de voyager

La palme du plus gros dossier de 2021 revient cependant au secteur du voyage. Un enjeu politique pour lequel Option consommateurs a été fort sollicité par les médias. L’Office des transports du Canada avait statué qu’un crédit-voyage émis au consommateur était une solution acceptable pour celui-ci, vu l’impossibilité de voyager en raison de la fermeture des frontières. La charte des voyageurs (le Règlement sur la protection des passagers aériens) ne prévoyait pas la possibilité de remboursement en cas de force majeure.

« Option consommateurs s’est inscrit en faux en ce qui concerne cette situation. D’autres ressources pouvaient être mises à contribution pour assurer le remboursement. Le consommateur semble avoir servi de monnaie d’échange dans ce dossier », explique Sylvie De Bellefeuille. Depuis, un processus de remboursement a été déployé, « quoique loin d’être parfait ». Un projet de règlement a aussi été présenté pour amender la charte des voyageurs. Il n’est toujours pas en vigueur.

Des contrats mal adaptés

« Les restrictions liées à la COVID-19 sont venues chambouler divers types de contrats qui étaient alors en cours », constate Alexandre Plourde. L’annulation des abonnements aux centres de conditionnement physique, fermés par la force des choses, ou le désir de récupérer un dépôt effectué pour l’organisation d’un mariage, repoussé en raison des mesures sanitaires en vigueur, en sont deux exemples.

La pandémie a permis de démontrer que les lois actuelles souffrent peut-être d’une lacune importante.

« Le cadre réglementaire n’est pas adapté aux circonstances exceptionnelles — une pandémie ou des catastrophes naturelles — qui surgissent parfois et qui sont pourtant appelées à se reproduire dans le futur » – Alexandre Plourde, avocat et analyste chez Option consommateurs

Faire du cas par cas pour régler un problème de remboursement pour des centaines de milliers de personnes, ce n’est pas l’idéal. « Le droit devrait amener de la prévisibilité et davantage de certitudes dans ces cas particuliers », dit-il.

Des enjeux sous surveillance

Non à l’obsolescence programmée

Une réglementation plus musclée serait aussi requise pour favoriser la réparabilité des biens et interdire symboliquement l’obsolescence programmée. « En étirant la durée de vie de certains appareils, on réussit à conjuguer une meilleure protection du consommateur et la protection de l’environnement », dit-il. Les choses commencent à évoluer sur le sujet. « Apple a annoncé récemment vouloir permettre un meilleur accès à la réparation de ses appareils », illustre Alexandre Plourde.

Vente itinérante : prudence !

Vous avez 10 jours pour annuler un contrat signé avec un vendeur itinérant, sans avoir à vous justifier. « Ce ne sont plus des encyclopédies que proposent les vendeurs itinérants. Ils font la promotion d’appareils coûteux (des thermopompes ou des panneaux solaires) pour lesquels l’installation se fait dès le lendemain », explique Sylvie De Bellefeuille. Interdire la vente itinérante pour ce type de biens et rendre obligatoire l’installation après ce délai de 10 jours seraient deux mesures à évaluer par le législateur pour contrer ce fléau.

La hausse des prix

Autre enjeu d’importance en ce début d’année 2022 : l’inflation qui touche plusieurs types de produits. Dans l’industrie alimentaire, on constate l’émergence du phénomène de la « réduflation » : le prix d’un article reste inchangé, mais le format s’en trouve réduit. « Il est important d’être un consommateur averti en 2022, de faire un budget et de le respecter », recommandent les deux experts.

De nouveaux plans de financement

Des sociétés telles que PayBright ou Sezzle offrent un tout nouveau type de financement en ligne. Vous avez désormais la possibilité de payer une paire de souliers ou un vêtement en quatre paiements égaux sans intérêt.

« Vérifiez votre véritable capacité de remboursement en tenant compte des dépenses effectuées par le biais de ces nouveaux fournisseurs. Plusieurs petits paiements s’accumulent pour en faire un plus important », Sylvie De Bellefeuille, avocate et conseillère budgétaire et juridique chez Option consommateurs.

Et parfois, mieux vaut attendre avant d’acheter si notre situation financière n’est pas au beau fixe. N’hésitez pas à vous poser les bonnes questions. « En avez-vous vraiment besoin ? » conclut-elle.