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Opinions

Édito – La littératie financière : importante, mais pas suffisante

Par : Maryse Guénette
Crédit photo: Fabian Blank

On définit la littératie financière comme étant « le fait de disposer des connaissances, des compétences et de la confiance en soi nécessaires pour prendre des décisions financières responsables ». Ainsi, celui ou celle qui est doté d’une bonne littératie financière a des connaissances en finances personnelles, connaissances qu’il pourra utiliser au quotidien. Il sera aussi à même de prendre de bonnes décisions et le fera avec une certaine assurance, quel que soit l’enjeu.

Avoir une bonne littératie financière est primordial tout au long de sa vie. À l’adolescence, cela permet de faire quelques économies et d’investir les sommes épargnées pour se préparer à l’avenir. À l’âge adulte, cela sert à faire de bons choix au quotidien, mais aussi quand vient le temps de conclure un contrat important et d’investir. À la retraite, cela aide à bien gérer son argent et à maîtriser adéquatement divers outils financiers afin de protéger ses avoirs et d’en tirer le maximum.

Pourtant, la littératie financière a ses critiques, qui la jugent peu efficace. Selon eux, le taux d’endettement des consommateurs – qui était de près de 180 % au début de la pandémie – et le fait que même ceux qui ont une excellente littératie financière ne prennent pas toujours de bonnes décisions financières en sont la preuve. Ces analystes semblent oublier que, même chez les plus « connaissants », les émotions prennent parfois le pas sur la raison. Et que les croyances acquises durant l’enfance ont parfois la vie dure.

De plus, selon quelques études, l’apprentissage de la littératie financière ne donne pas toujours de résultats à long terme. C’est en se posant des questions liées à une situation précise que les gens seraient les plus aptes à apprendre. Par conséquent, la formation en continu serait plus utile que la formation donnée à la petite école.

En ce mois de la littératie financière, saluons donc les publications et les outils que des organismes fédéraux et provinciaux, tels que l’Agence de la consommation en matière financière du Canada et l’Autorité des marchés financiers (au Québec), mettent sur leur site Web. Les consommateurs peuvent les consulter à leur convenance. Saluons également les  formations offertes aux adultes par des institutions d’enseignement et des organismes – notamment sur la gestion des placements boursiers, la fiscalité ou la préparation à la retraite. Saluons enfin les sommes allouées à cette cause par les gouvernements. En cette période de grande incertitude, il faut continuer à promouvoir la littératie financière.

Mais il faut aussi faire plus…

Car il n’y a pas que la littératie financière qui compte, il y a aussi la clarté de l’information fournie. Parions qu’il vous est déjà arrivé de communiquer avec l’émetteur de votre carte de crédit ou votre assureur pour demander de l’information au sujet de votre contrat. Ou que vous avez déjà regardé vos relevés de placements avec une certaine perplexité. Pour que les consommateurs aient des comportements adéquats, il faut leur donner de l’information qu’ils comprennent, et non les laisser se perdre dans des phrases abstraites et nébuleuses.

Il faut aussi leur donner toute l’information. Au cours des dernières années, Option consommateurs a dénoncé les clauses d’hypothèque parapluie cachées dans les contrats hypothécaires et dont les prêteurs ne parlaient pas. Elle a mis au jour le fait que certaines entreprises de FinTech truffaient leur site web de propos invitants sans jamais communiquer à leur futur client les restrictions se trouvant dans le contrat qui allait les lier à l’entreprise. Même la personne ayant la plus grande littératie financière ne peut deviner l’information qu’on omet de lui communiquer.

Enfin, il faut mieux protéger les consommateurs. Assurance, prêts, placements…, aujourd’hui, il est possible de se procurer par internet de nombreux produits financiers. Et bientôt, ce sera la norme. Cette nouvelle manière de faire comporte des défis dont ne tiennent pas toujours compte les lois actuelles. Il faut donc prévoir des protections supplémentaires, notamment en ce qui a trait aux représentations, aux contrats à distance et à la protection de la vie privée. Ce n’est qu’ainsi que tous les consommateurs seront bien protégés.