Fermer×
Actualités

Le consommateur, victime collatérale de la pénurie de main-d’œuvre

Par : Dominique Lamy

Bien que la pandémie ne soit pas la seule responsable de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit au pays actuellement, elle l’a cependant exacerbée. Et le consommateur en fait lui aussi désormais les frais.

Il n’y a pas une journée qui passe sans que vous entendiez le même refrain : les PME sont aux prises avec des difficultés de recrutement et de rétention de leurs talents. C’est ce qui explique que, parfois, vous vous cogniez le nez sur la porte fermée d’un commerce qui est habituellement ouvert aux heures normales d’achalandage. Ou que le produit que vous convoitiez s’avère (encore) en rupture de stock…

Les chiffres fournis par la Banque de développement du Canada (BDC) dans le cadre de deux sondages distincts parlent d’eux-mêmes. Plus de 60 % des entreprises canadiennes confirment que la pénurie de main-d’œuvre limite leur capacité à générer de la croissance. Et presque une organisation sur deux (49 %) a retardé des commandes aux clients ou a été incapable d’en assurer la livraison en raison d’un manque d’effectifs. Une autre preuve que la difficulté des entreprises à pourvoir les postes vacants affecte directement le consommateur !

Trois conséquences pour le consommateur

La hausse du prix des biens et services

Dans l’objectif d’embaucher les meilleurs travailleurs qualifiés (et disponibles à envisager une nouvelle possibilité de carrière !), les entreprises n’ont guère d’autre choix que de délier les cordons de leur bourse et d’offrir des conditions de travail plus avantageuses que celles de la concurrence.

Et pour espérer conserver une marge de profit, aussi mince soit-elle parfois, elles doivent augmenter le coût de leurs produits ou de leurs services. Au bout du compte, c’est le consommateur qui se retrouve à piger davantage dans ses poches. Parfois, le prix reste inchangé, mais le format du produit s’en trouve réduit, d’où l’expression « réduflation ».

« Il faut s’attendre à une hausse des prix pour plusieurs biens, même si c’est une situation que les entreprises veulent éviter coûte que coûte. Pour les secteurs à faible marge de profit comme celui de l’alimentation, il n’y a pas d’autre solution que de refiler la facture aux consommateurs. Les produits qui exigent beaucoup de transformation, et pour lesquels la composante de main-d’œuvre est la plus importante, seront principalement concernés », explique Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.

Un service à la clientèle moins efficace

Que vous contactiez le service à la clientèle d’une entreprise ou d’un organisme gouvernemental, un délai de réponse plus long est à prévoir. Le manque de travailleurs entraîne un goulot d’étranglement dans le processus. Par exemple, l’attente téléphonique s’en trouve allongée. Le temps requis avant de recevoir une réponse par courriel est également plus important.

L’afflux de nouveaux travailleurs moins expérimentés dans certains magasins spécialisés n’est pas nécessairement le gage d’une meilleure expérience d’achat non plus. Ces nouveaux employés ont une courbe d’apprentissage à suivre : l’empathie et la patience sont de mise.

«  Les travailleurs, qu’ils soient en épicerie, au dépanneur ou dans un commerce, sont les premières personnes malmenées par la pénurie de main-d’œuvre. Ils doivent faire appliquer les consignes sanitaires et encaisser les commentaires négatifs de la clientèle », remarque-t-il.

Des difficultés à obtenir l’article désiré

La recherche d’un produit en particulier s’apparente parfois à une véritable quête. La farine, le papier hygiénique, les produits désinfectants et le bois traité, à titre d’exemple, ont tous fini par manquer depuis le début de la pandémie. On assiste à un déséquilibre évident dans le phénomène de l’offre et de la demande.

Un moins grand nombre d’employés disponibles pour travailler sur la chaîne de production entraîne une diminution de l’offre, c’est-à-dire du nombre de biens fabriqués. À l’inverse, la demande pour certains produits de la part du consommateur monte en flèche…

« On constate un engouement énorme pour l’équipement récréatif, comme les vélos et le matériel de camping, à titre d’exemple. Avant même que la saison estivale ne commence, il est probable que les magasins n’en détiendront presque plus. Finalement, les véhicules neufs sont parfois difficiles à dénicher à cause d’une pénurie mondiale de composantes électroniques qui ne se résorbe pas », explique Karl Blackburn.

Les mots d’ordre : prévoir et s’adapter

Dans un tel contexte, et à défaut d’avoir une meilleure visibilité sur l’évolution de la situation, le consommateur n’a d’autre choix que de faire preuve de débrouillardise et de créativité. Pour contrer l’inflation qui s’annonce, faire son budget, le respecter à la lettre et profiter des soldes de la semaine en épicerie demeurent d’excellents réflexes à adopter. Et si vous vous tourniez désormais vers des biens d’occasion ou l’échange avec des pairs pour limiter les conséquences d’une rupture de stock en ce qui concerne certains produits que vous recherchez ?

Quoi qu’il en soit, le secret réside peut-être dans une planification adéquate. « Que vous souhaitiez aller de l’avant avec un projet de rénovation, l’achat de nouveaux meubles ou l’acquisition d’un véhicule, envisagez de vous y prendre d’avance », conclut Karl Blackburn.