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Obsolescence des produits : investir dans les bonnes actions

Par : Yann Fortier

Programmée, planifiée ou observée, l’obsolescence des produits peut vider le portefeuille des consommateurs et générer des montagnes de déchets. Comment freiner cette tendance et participer au mieux-être d’une planète en surchauffe ? Constats et conseils. 

Les multiples visages de l’obsolescence

Amélie Côté est analyste en réduction à la source chez Équiterre. D’emblée, elle distingue trois types d’obsolescence : l’économique, la technologique et la psychologique.

« L’obsolescence économique implique le rapport qualité-prix du produit. Par exemple, un article neuf vendu moins cher que son prix de réparation. » Résultat ? Les consommateurs rachètent, puis se débarrassent de l’ancienne marchandise.

L’obsolescence technologique est « liée aux améliorations des caractéristiques du produit ». Pensons aux mises à jour des logiciels, qui ralentissent subitement les ordinateurs et les téléphones. Ou à l’incapacité de réparer ou de remplacer la pile de certains appareils électroniques.

Quant à la dimension psychologique, elle est « influencée par un effet de mode. Plusieurs consommateurs perçoivent un besoin de changement ». Or, renouveler sa garde-robe « pour suivre la nouvelle tendance » ou remettre sa cuisine « au goût du jour » génère un effet réel sur les plans budgétaire et environnemental.

L’obsolescence programmée existe-t-elle ? « C’est plus difficile à démontrer », répond la spécialiste. Une chose est certaine, programmée ou non, la piètre qualité de certaines pièces ou des composantes vendues à très bas prix accélère l’obsolescence. » Donc, cela actionne les leviers du cycle jeter-et-racheter.

En 2018, Équiterre dévoilait une étude intitulée Obsolescence des appareils électroménagers et électroniques : quel rôle pour le consommateur ? Les clients et les entreprises y trouvent des recommandations pour améliorer leurs pratiques.

L’économie circulaire : un virage contre l’obsolescence

« Le modèle traditionnel de l’économie linéaire nolise énormément de ressources », signale Émilie Chiasson. La conseillère en communication travaille au Centre d’études et de recherches intersectorielles en économie circulaire (CERIEC).

Si l’économie linéaire valorise un cycle d’extraction, de transformation, de transport, de distribution, de consommation puis de rejet, l’économie circulaire applique des approches visant la conservation des ressources.

Une fois le produit en main, le consommateur devrait développer des réflexes « pour préserver, réparer, partager, revaloriser, recycler ou encore composter la ressource », explique Émilie Chiasson.

La plateforme Québec Circulaire propose 12 stratégies et une série d’actions concrètes en matière d’écoconception, d’approvisionnement responsable, d’optimisation, d’économie collaborative, de location, d’entretien, de réparation, de don, de revente, de reconditionnement, de recyclage et de compostage.

Dévoilé en 2021 à l’initiative de Circle Economy et de RECYC-QUÉBEC, L’indice de circularité de l’économie indique que l’économie québécoise est circulaire à seulement 3,5 %. La moyenne mondiale est de 8,6 %. Si la Norvège se situe à 2,4 %, les Pays-Bas sont à 24,5 %, visent 50 % dans huit ans et 100 % en 2050.

Des conseils pour passer à l’action

« Sur le plan strictement économique, les consommateurs ont tout intérêt à assurer la durée de vie de leurs appareils pour réduire leur endettement », observe Hélène Gervais, agente de développement industriel chez RECYC-QUÉBEC.

En 2021, la société d’État publiait la deuxième édition de son étude Portrait des comportements et des attitudes des citoyens québécois à l’égard des 3RV (réduction, réemploi, recyclage). Bonne nouvelle, la plupart des ménages cherchent à contrer les effets de l’obsolescence.

Les conseils d’Hélène Gervais de RECYC-QUÉBEC pour passer à l’action :

  • cherchez à réparer les produits ;
  • donnez ou vendez-les à des proches ou en ligne ;
  • achetez des articles ou appareils d’occasion ;
  • sélectionnez des produits réutilisables ;
  • louez plutôt qu’acheter, notamment les outils ;
  • assurez-vous d’accéder à des pièces de rechange ;
  • scrutez les garanties offertes ;
  • pratiquez l’achat local, c’est plus simple pour remplacer ou appliquer la garantie ;
  • assurez un entretien minimal constant (aspirateur, grille-pain et autres appareils) ;
  • consultez les sites Internet comprenant des tutoriels vidéo ;
  • abonnez-vous à la page Facebook Touski s’répare, coffre à outils de 52 000 membres ;
  • avant d’acheter un nouveau gadget, demandez-vous s’il est nécessaire ;
  • envoyez vos produits en phase terminale vers les écocentres ou la récupération.

Hélène Gervais recommande de trouver en ligne des espaces collectifs où emprunter des outils ou encore des locaux d’autoréparation. Parfois, de bénévoles bienveillants y proposent leur aide. « C’est à la fois social et très gratifiant », dit-elle.

Une chose est sûre, en matière d’obsolescence, les choix d’aujourd’hui exerceront une influence significative sur la société de demain.